Art-thérapie, qui es-tu ?
C’est une méthode de soins qui existe depuis des décennies et qui a vu le jour dans les établissements psychiatriques avant d’arriver dans la vie de chacun, enfin, presque. L’Art-thérapie continue d’être utilisé en psychiatrie mais de plus en plus de personnes la pratiquent comme développement personnel.
L’art-thérapie est basée sur le processus de création artistique. Lorsque l’on dit artistique, cela ne veut pas dire que l’on va faire de l’art en art-thérapie, là n’est pas le but. C’est ce que l’on met en œuvre dans ce processus de création qui va donner à voir ce qui se passe en nous.
Toutes les formes artistiques peuvent être utilisées mais certaines seront plus adaptées que d’autres selon les pathologies rencontrées.
L’Art-thérapeute accompagne la personne dans son cheminement. Son champ de compétence est de favoriser l’expression de soi par des médiations artistiques.
En aucun cas l’Art-thérapeute va analyser, interpréter la production des personnes, et encore moins, lorsqu’il s’agit de séances de groupe, faire interpréter la production de l’une ou l’autre des personnes par le reste du groupe. Qui est la personne la mieux placée pour interpréter sa production sinon la personne même qui l’a réalisé.
L’Art-thérapeute, dans un climat de confiance et de confidentialité, va accompagner cette personne à préciser son ressenti, l’aider à exprimer ce que ces images veulent dire pour elle. Cela se fera au rythme de la personne en respectant son intégrité.
Qu’est-ce qu’un art-thérapeute ?
Tout d’abord, c’est une personne qui aura suivi un cursus d’au moins deux années de formation (près de 600 heures stages compris, si vous suivez un D.U Art-thérapie). L’on ne devient pas Art-thérapeute en se formant sur 14 ou 28 jours. L’Art-thérapeute doit également avoir une pratique artistique régulière et suivie en fonction des médiations utilisées.
On ne se propulse pas Art-thérapeute parce que l’on a utilisé le dessin dans un atelier pour enfants. Et puis il faut avoir des connaissances en psychopathologie, qui sont intégrées dans le cursus.
Art-thérapie et pratiques
Il existe de nombreuses médiations et supports en art-thérapie (arts plastiques, marionnettes, musique/chant, théâtre, etc.) et chaque art-thérapeute pratique en fonction de sa sensibilité artistique. Il est cependant indispensable que l’art-thérapeute ait une pratique artistique régulière correspondant à la médiation qu’il utilise en séance. Que dirait-on d’un art-thérapeute qui utiliserait la danse comme médiation alors qu’il ne la pratique qu’une fois par semaine en prenant des cours de danse de salon. (Ce n’est qu’un exemple)
Comment se déroule une séance d’art thérapie ?
Il y a trois phases plus une quatrième.
- Tout d’abord la phase d’accueil ou la personne va brièvement donner son ressenti du moment, ses difficultés, tout du moins, ce qui est important pour elle à ce moment. L’art-thérapeute va l’écouter avec bienveillance et en retirer certains points importants qui pourront servir de thème pour la séance. Il n’y a pas nécessairement un thème donné par l’art-thérapeute, la personne peut simplement laisser venir les images, les souvenirs, avec leur charge émotionnelle.
- Ensuite vient la phase de création ou la personne passe à l’acte créateur. Plusieurs médiums sont à disposition (dessin, collage, peinture, pastels…) et ne sont en aucun cas imposés. La personne choisira librement ce qui lui convient dans l’instant. À ce moment, l’art-thérapeute va doucement s’effacer pour laisser place aux productions. Qui dit s’effacer ne veut pas dire disparaître. L’art-thérapeute reste bien présent et à la disposition de la personne si elle le sollicite. C’est avec respect et bienveillance qu’il se mettra à l’écart pour ne pas interagir dans le geste créateur.
- Puis vient la phase où la personne va parler de ce qu’elle vient de réaliser. C’est en général un moment chargé d’émotions car la personne se retrouve confrontée à des images, des souvenirs parfois oubliés, des souffrances mais aussi des moments heureux.
- La quatrième phase est celle qui intervient entre deux séances. Que s’est-il passé ? Mes questionnement, mes doutes… et qui seront déposés lors de l’échange en début de prochaine séance.
- L’art-thérapeute ne juge pas ni n’interprète la production, il accompagne la personne qui découvre sur une feuille, des instantanés de sa vie passée ou présente. L’art-thérapeute va l’aider à verbaliser ce qui se fait jour sur la feuille. Il est vraiment important de ne pas interpréter une production car qu’allons-nous y mettre ? Sinon notre propre expérience qui n’est en aucun cas celle de la personne.
- Il y a certaines écoles qui où l’art-thérapeute interprète la production de la personne ou des personnes lorsqu’il y a un groupe. Les autres membres du groupe pouvant même intervenir sur ce qu’à produit l’une ou l’autre des personnes pour finalement l’amener à transformer sa production en quelque chose de plus… positif ? C’est une pratique qui m’a été rapporté par une personne ayant assisté à une séance découverte de ce type.
Personnellement, je trouve cela assez intrusif et pouvant être très déstabilisant pour la personne dont la production est d’une certaine manière, jugée. Ce n’est plus de l’art-thérapie mais du développement personnel. Qu’arriverait-il si une personne ayant une lourde pathologie dans une telle séance, décompensait brusquement du fait d’être d’une certaine manière jugée par les autres participants ?
– On demande ensuite à cette personne de modifier sa production afin qu’elle ait un aspect positif et donc que la personne se sente mieux. Je veux bien croire que le dessin soit une fois transformé plus beau, plus positif, mais est-ce pour autant que la personne se sentira mieux au fil des jours ? Un dessin est une chose que l’on peut modifier à souhaits mais qu’en est-il du « soi ». Si le fait de transformer un dessin mettait fin aux souffrances, il n’y aurait plus besoin de services psychiatriques.
Que va pouvoir dire une personne en thérapie à une autre personne elle-même en thérapie (dans le cas d’un groupe) sinon projeter le reflet de son propre mal-être. J’essaie de m’imaginer devant ma feuille avec des personnes autour de moi qui décortiquent et interprètent ce que je viens de faire, selon leur vision, sans savoir ce que j’ai voulu dire ?
Voilà, c’était un petit tour pour ceux qui ne connaissent pas, ou mal, l’art-thérapie.
Dominique Le Nouaille Art-thérapeute Diplômé de l’université de Toulouse (D.U Art-thérapie)
Retrouvez le site de Dominique Le Nouaille : http://espace-pierre-de-lune.org/